La Charte adoptée par le Président de l’Assemblée Corse, M.
Talamoni, donnant la priorité d’emploi aux résidents locaux fait polémique.
Pour la commande publique, cela signifie que les entreprises locales seront prioritaires
« à compétence suffisante » par rapport aux autres entreprises.
L’objectif principal d’une telle mesure est de garantir un
meilleur accès à la commande publique aux TPE et PME de la région en donnant la
priorité à l’économie locale. Encouragement, donc, pour les petites entreprises
Corses à candidater aux marchés publics lancés dans leur région.
Ce texte fait polémique car certains affirment qu’il ne
respecte pas le principe fondamental d’égalité de traitement des candidats à la
commande publique. Le terme « à compétence suffisante » est notamment
au centre des critiques, qui estiment qu’une entreprise devrait être sélectionnée
« à compétence égale », de peur que dans le cas contraire des
entreprises soient sélectionnées uniquement sur un critère géographique et non
pas sur les compétences présentées.
Cependant, le droit des marchés publics a avant tout été conçu pour s’adapter à la réalité de la commande publique. Il prévoit donc notamment une certaine flexibilité pour les acheteurs dans la constitution de leurs pièces de marchés, leur permettant d’insérer des clauses pour favoriser certains critères sociaux, environnementaux etc.
Le but n’est donc pas d’exclure certaines entreprises par
rapport à leurs origines mais d’inclure certains critères aux pièces de marchés
qui pourraient amener l’acheteur à sélectionner une entreprise locale tout en
respectant les règles d’égalité de traitement des candidats.
Notamment, l’article 10 de la Directive 2016-360 relative
aux marchés publics dispose que l’acheteur peut « exiger un label
particulier » s’il
« souhaite acquérir des
travaux, des fournitures ou des services présentant certaines caractéristiques
d'ordre environnemental, social ou autre ». Autrement dit, l’acheteur peut par exemple préciser
que la livraison de fournitures doit respecter certains critères écologiques ou
plus généralement durables qui donnent une position plus favorable aux
entreprises situées à proximité du point de livraison et qui consommeront de ce
fait moins de carburant pour effectuer la livraison. Toutefois ces critères
doivent être utilisés avec justesse et cohérence afin d’écarter tout risque et
sentiment de favoritisme. Ils doivent apporter une valeur ajoutée indéniable à
la consultation.
Créer un environnement moins défavorable aux acteurs les
plus vulnérables sans pour autant rompre avec le principe d’égalité de
traitement des candidats à la commande publique. Tel semble être l’objectif. Les
TPE et PME sont donc à l’honneur dans cette charte qui nous rappelle sur
certains points le dispositif de « préférence régionale » mis en
place en novembre 2016 par le Président de la région PACA M. Estrosi, dont
l’objectif final était de réserver 70 % de la commande publique aux TPE et PME
issues de sa région.