Les chiffres révélés en février dernier par le baromètre de la commande publique de l'Assemblée des communautés de France (AdCF) et la Caisse des Dépôts interpellent : en 2016, la commande publique a connu un net recul de 5,8% par rapport à l'année précédente. La légère embellie de 2015 ne s'est donc pas poursuivie. Si l'on s'intéresse à la courbe des quatre dernières années, la tendance est inquiétante puisque qu'en volume la commande publique a perdu 23,8 milliards d'euros, soit environ un quart de son montant global.
La rigueur budgétaire des acheteurs explique en partie ce ralentissement : face à un contexte économique tendu, ils privilégient en effet des solutions à bas coût. Ce sont avant tous les bailleurs sociaux, les entreprises publiques locales et les collectivités locales qui marquent le plus le pas, avec une baisse qui approche les 30% sur quatre ans. Pour l'État on note une baisse moins significative mais néanmoins sensible de 13,8%.
Le Directeur général de l'AdCF souligne le danger d'une normalisation d'une commande publique à bas coût. En effet, on peut craindre qu'elle conduise à une “politique du moins-disant”. Une telle évolution pourrait avoir des impacts néfastes : candidatures moins qualitatives, grandes entreprises à la trésorerie solide favorisées, concurrence accrue entre PME… En somme, une vision des achats publics bien loin de la plupart des discours des candidats à la présidence qui promeuvent une commande publique qualitative, porteuse d'innovation et levier de croissance pour les PME.
Le tableau n'est toutefois pas tout noir : la baisse de la commande publique s'explique à 80% par le recul des marchés de travaux publics, alors que ceux de services se sont stabilisés. Une politique volontariste de l'État en faveur d'investissements dans l'ingénierie, le conseil et les services à haute valeur ajoutée pourrait donner un nouveau souffle à la commande publique pendant le quinquennat à venir.