A l'issue du 7ème Sommet des start-up de Challenges, le constat a été simple à poser : l'Europe sait développer des technologies qui peuvent asseoir sa souveraineté, mais les startups font face à un manque de marchés publics qui peuvent en faire des champions mondiaux. "Le nerf pour faire grandir nos entreprises, c'est l'ordre public", a déclaré Jean-Noël de Galzain, fondateur du groupe de réseautage français Wallix, président d'Hexatrust, le groupe français de cybersécurité et de solutions cloud.
Modèle hybride américain
Selon François Chopard, fondateur de Starbust, les Etats-Unis ont montré l’efficacité de leur modèle hybride. D’un côté, "des Venture Capitalist qui apportent énormément d'argent pour financer des entrepreneurs un peu fous et des technos de rupture. D'autre part, une puissance publique irrigue généreusement l'écosystème. Les start-up dans les secteurs de l'aviation et de la défense sont fortement soutenues par le Pentagone, la Darpa", a-t-il souligné. Ils ont financé vingt entreprises presque identiques, espérant que l'une d'entre elles réussirait.
En France, sur ce plan, il y aurait une génération de retard. "En France, on a un modèle bien structuré pour l’innovation continue, avec des programmes lancés par le gouvernement dans les années 1960-70, et qui ont donné le TGV, Ariane, Airbus", explique François Chopard, fondateur de Starburst, premier accélérateur mondial de start-up dans l’aérospatial et la défense. "Mais ce modèle est révolu dans la période qu’on vit."
Cependant, la France et l’Europe ont montré, sur certaines filières comme la défense, qu’elles savaient utiliser la commande publique comme catalyseur. "Chez Thales, on investit chaque année 1 milliard d’euros en R&D autofinancée", souligne Philippe Keryer, directeur général adjoint stratégie, recherche et technologie du géant français de l’aérospatial, la défense et la sécurité. "Avec l’effet de levier de la commande publique (la R&D financée par le ministère des Armées et d’autres pays clients, NDLR), cela donne 4 milliards."
Le plan France 2030, un accélérateur
Le plan France 2030 relance le soutien à l’innovation. D’abord par son ampleur: "Entre France 2030, le plan de relance et le PIA 4 , on parle de 130 à 140 milliards d’euros", souligne Philippe Keryer. Ensuite, et surtout, selon la caractérisation privilégiée donnée à la composante spatiale, les deux tiers seront donc réservés aux startups et acteurs émergents. Enfin la commande publique a allégéses procédures de marchés pour laisser place de plus en plus à l’innovation et faciliter ainsi la réponseaux appels d’offres par les start ups.
Vers un European Business Act?
Jean-Noël de Galzain propose d’aller plus loin avec un modèle européen du Small Business Act américain, pour faciliter les nouveaux venus et en leur donnant une part du marché public. « Il faut identifier certains marchés qui sont des rampes de lancement pour les startups BtoB", explique le patron de Wallix. "L'Europe est trop naïve face à ses concurrents stratégiques, comme les États-Unis et la Chine. ”.