Destinés à être un outil de parole pour les candidats
évincés, les moyens de recours en matière de marchés publics requièrent qu’une
attention particulière soit portée à la procédure. Ils peuvent en effet
rapidement se retourner contre le requérant s’ils ne sont pas engagés en bonne
et due forme.
L’arrêt du Conseil d’Etat en date du 24 mai 2017 constitue
un rappel à ce sujet. En l’espèce, la Ville de Paris avait engagé une procédure
pour la conclusion d’un marché public ayant pour objet la fourniture de petits
véhicules utilitaires. Suite à la notification de l’attribution de ce marché,
certains des candidats évincés ont saisi le juge des référés précontractuels.
Cependant ils ont saisi le juge 3 jours après la fin du délai de standstill, et après que le contrat ait été signé. Rappelons que ce type
de recours ne peut avoir lieu qu’avant la signature du contrat, signifiant que
dans le cas présent les candidats n’étaient plus en mesure d’engager une telle procédure.
Leur requête ayant été déclarée irrecevable, les demandeurs
ont saisi le juge des référés contractuels afin de demander l’annulation du
contrat litigieux. Le Conseil d’Etat saisi en cassation a déclaré que ce recours
n’était pas recevable car les candidats n’avaient « pas été privés de la possibilité de saisir utilement le juge du référé
précontractuel » dans le délai légal et auraient donc dû passer par
cette procédure, et de ce fait n’étaient pas en mesure de saisir le juge des
référés contractuels.
Cet arrêt témoigne donc de l’importance du respect des
délais de recours si l’on souhaite contester le déroulement d’une procédure de
passation d’un marché. Un candidat évincé, même s’il a été victime de discrimination et que son accès à la commande publique lui a été renié, peut se
voir refuser un recours devant le juge administratif s’il n’a pas
respecté les délais.
Il est donc fortement recommandé aux entreprises
souhaitant déposer une requête devant le juge administratif de se renseigner
sur la procédure la plus adaptée à leur situation (référé précontractuel,
référé contractuel ou recours « tropic ») et de s’assurer que les
délais ne sont pas dépassés. Il serait dommage en effet de ne pas pouvoir faire
valoir ses droits à cause d’un jour de retard ou parce que l’on a choisi la
mauvaise procédure. Enfin nous recommandons très vivement aux entreprises de se
faire accompagner par un avocat spécialiste de la démarche.